Le football féminin en France : entre croissance, défis économiques et transformation structurelle
Découvrez une analyse complète du football féminin en France : croissance du nombre de licenciées, enjeux économiques, comparaisons internationales et perspectives d’évolution.
📈 1. État des lieux du football féminin en France
⚽ Une croissance historique du nombre de licenciées
Le football féminin en France a connu une croissance de plus de 120 % en dix ans :
- 205 000 licenciées en 2023, contre 90 000 en 2011.
- Croissance annuelle moyenne de +7,5 %.
- Objectif FFF : 500 000 licenciées d’ici 2027, via le plan « Horizon Bleu 2024 ».
La Fédération a aussi lancé des initiatives pour accompagner ce développement :
- Programme « Club Lieu de Vie » : renforcer la mixité et les infrastructures.
- Création de postes de référentes féminines dans les Ligues régionales.
🏆 Une élite structurée mais peu dense
- La D1 Arkema est la 1re division féminine, active depuis 1974 mais réellement professionnalisée depuis 2011.
- Deux clubs dominent :
- OL Féminin (8 Ligue des Champions)
- PSG Féminines, challenger historique.
💰 2. Économie et structure financière du football féminin
📊 Un modèle encore fragile
- Budget total D1 Arkema 2023 : 35 à 40 millions d’euros.
- À titre de comparaison, la Ligue 1 masculine dépasse 2 milliards d’euros.
- Club phare : OL Féminin (~10 M€ de budget), en majorité financé par OL Groupe.
🧾 Répartition des revenus en moyenne :
- Sponsoring : 60 %
- Subventions publiques : 20 %
- Billetterie / Merchandising : 10 %
- Droits TV : 10 %
📺 Des droits TV sous-évalués
- Droits TV 2023-2024 : 1,2 M€ versés par Canal+
- 100 fois moins que la Ligue 1 masculine.
- Faible monétisation due à un manque de médiatisation => cercle vicieux.
🔍 3. Freins structurels majeurs
🎥 a) Sous-médiatisation chronique
- Moins de 5 % du temps d’antenne dédié aux sports féminins (CSA).
- Faible exposition télé = moins de sponsors et d’audience.
💼 b) Professionnalisation partielle
- Moins de 30 % des joueuses de D1 sont salariées à temps plein (UNFP).
- Salaire moyen brut : 2 500 €/mois vs 100 000 €/mois en Ligue 1.
🏟️ c) Infrastructures inadaptées
- 75 % des clubs amateurs ne disposent pas de vestiaires séparés pour les femmes.
- Accès limité aux créneaux d'entraînement, souvent tardifs ou peu pratiques.
🌍 4. Comparaison internationale
PaysLicenciéesBudget moyen par clubDroits TV annuels🇫🇷 France205 000~2,5 M€1,2 M€🇪🇸 Espagne100 000~2,8 M€ (Liga F)7 M€🇬🇧 Angleterre180 000~5 M€ (WSL)8-10 M£ (BBC/Sky)🇺🇸 USA2M+~6 M€ (NWSL)Partage revenus
Les championnats anglais (WSL) et américain (NWSL) sont en avance grâce à :
- Une gouvernance indépendante,
- Des accords médias solides (BBC/Sky, CBS, DAZN),
- Une intégration dans des écosystèmes puissants (Arsenal, OL Reign...).
🧠 5. Débats stratégiques en cours
a) Professionnalisation obligatoire de la D1 ?
- En projet pour 2027.
- Forte opposition de clubs semi-pros (Fleury, Soyaux) pour raisons budgétaires.
b) Création d’une ligue féminine autonome ?
- Gouvernance indépendante (type LFP).
- Recommandée par plusieurs acteurs (dont l’OL) pour mieux négocier les droits.
c) Investissements privés croissants
- OL Reign (filiale US) vendue à un fonds américain.
- Clubs comme le PSG, Reims, Bordeaux cherchent activement des partenaires financiers.
🔮 6. Scénarios prospectifs
Scénario 1 – Statu quo
- Croissance organique, mais lente.
- Dépendance aux subventions.
Scénario 2 – Ligue indépendante
- Gouvernance agile,
- Droits TV renforcés,
- Effet d'entraînement sur les sponsors.
Scénario 3 – Disruption par acteurs tech/média
- Arrivée d’acteurs comme DAZN, Amazon, Netflix Sport.
- Création d’une Super League féminine européenne ?
- Diffusion OTT / abonnement direct au consommateur.
🔗 7. Acteurs clés
- FFF : Philippe Diallo, Corinne Diacre (ex-DTN), UNFP.
- Ministère des Sports : Amélie Oudéa-Castéra.
- Clubs : OL, PSG, Paris FC, Bordeaux, Montpellier.
- Sponsors majeurs : Arkema, Nike, Adidas, Crédit Agricole.
✅ Conclusion
Le football féminin français est à un tournant stratégique. Son avenir dépendra :
- d’une gouvernance modernisée,
- d’une visibilité renforcée via les médias,
- d’un modèle économique plus autonome et pérenne.